and it's peaceful in the deep

Et quand l’acajou grince, que le voile poudré, ornement de mauvais goût, tremble: je sais qu’ils s’aiment.
Papa est là, suant contre les voluptés de maman. Ou peut-être était-ce celui d’avant qui, de sa pilosité foisonnante et aiguisée, la faisait rugir. Entrecoupée, maman, un peu comme les soupirs ardents qui enflamment ses poumons.

Le bois du baldaquin a depuis longtemps été tué. Réduisant les à-coups en silences songeur, la nymphette bute sur le paradoxe qui tangue sous ses lunes : un ébène frissonnant et assassiné, porte sur son dos une coulée de tissus. Le froid ne fait pas trembler les morts, elle le sait. Il n’y a que la peur qui bouleverse même les macchabées.  

Des doigts boursoufflés d’enfant cueillent quelques caresses au copeau horrifié et verni de candeur : « papa est là, tu n’as pas à avoir peur ; il est là, quelque part dans son coeur parmi tous les hommes qu’elle aime avec lui ».


Des poitrails se promènent à travers la maisonnée. La pulpe des tétons dressés fustige l’air, comme des éclairs dans la naphte du ciel. Elles sont plusieurs nymphes à rejoindre le grand salon ; certaines ont la peau perlée, d’autres s’essuient le coin des lèvres et les paumes d’un misérable chiffon. L’ombre de maman apparaît sous une voûte, un sourire humide révélant ses tendresses, des pivoines décorent ses mains chaudes. Isïa se dérobe vers le bouquet, nuée espiègle, volute chimérique, ses épis filent entre les doigts d’une nymphe soucieuse, un brin pensive dans la toison enfantine.

Maman épouse brièvement le haut de son crâne tandis que la môme souffle ses bras contre son palpitant pour lui voler la plante. Parmi les fées débraillées qui vaquent et minaudent, une ribambelle végétale peuple avec elles le satin, les dorures et le marbre. Ces herbes sont les parures discrètes, primitives, de ces libertines désoeuvrées. Eden dans une maison close, où les sanglots du désarroi des bacchus sont épongés par les pétales du jardin.

Isïa, ou l’enfant des lionnes pécheresses. Les précieuses passions d’une exaltée, paysage en cinétique s’écoule dans la chute de son regard. Elle n’a pas grand chose d’humain ; on pourrait croire qu’elle vient de naître, toujours nue du corps et des sentiments. Il y avait quelque chose d’une particulière clairvoyance chez ce rejeton qui mortifiait ses aînées.

Fleurs aux creux d'elle-même et contre sa peau de bambin, elle darde son jardin de ses impénétrables cloisons.

Les lignes de cette peinture se dressent devant ses yeux comme un réel abscons; les affres de la solitude et le crépis qui s'émiette, les plantes déracinées, régentes calcinées par l'éros. Un néant où se réjouit l'enfant, éclairée d'une bougie; elle joue avec le feu en croquant son pain rassi.