(flash-back, novembre 1983)y'a le silence qui danse, impose sa cadence, musique éteinte, cassettes éclatées, bousillées, corps qui pioncent à même le sol et se disloquent sur les vieux sièges en velours rouge délavé, quatre heures du matin qui pointe le bout du nez. y'a sa carcasse qui se redresse sur ses pieds nus qu'évitent le verre cassé, faudrait pas se blesser, rejoindre les détritus à son tour, même si la saleté paraît que ça lui va bien sur les contours. satisfaction minable sur la gueule du truand qui termine le fond d'une bouteille, alcool qu'arrache sa trachée, lui donner presque envie de poser une galette. la salle principale constamment marquée par les passages successifs des mauvais moutons qui cherchent le pardon, y'a sa main au passage qui vient se perdre dans la tignasse de paloma sans y foutre un bordel, il joue aux petits sauts sur les coussins protecteurs, passe à l'arrière de la scène, préfère les champs verdoyants et pas saccagés par les tranchées des coulisses pour les comédiens capricieux. pipe déjà entre les doigts pour l'envoyer rejoindre les rêves miraculés, porte à peine refermée derrière lui, à pas faire gaffe indra aux bruits qui pullulent autour de lui, au bois qui craque et aux accessoires qui continuent de cliqueter, aux vinyles cassés qui geignent de leur vie trop courte, aux posters qu'arrêtent pas de le juger. autour y'a bowie et ses yeux informent qui guettent ses faits et gestes, il pose son cul le maître des lieux sur des couleurs éclatantes, y'a du orange, du bleu, du violet, y'a des paillettes sur ses joues qui brillent même si la nuit arrive pas à passer, y'a pas de fenêtres pour aider, seulement les couloirs pour évacuer.
l'opium il la cherche dans un meuble trop moderne pour exister, même si des griffures témoignent de ses mille tortures. claquement d'un rire alors qu'il fait que se pencher, trop fainéant pour rejoindre à nouveau les grands. allumette craquée, première taffe prise, fumée qui traverse le long de l'objet vieillot, il a la tête qui tombe en arrière indra, la gorge dévoilée qui rirait sans doute si y'avait une autre bouche pour prendre le relais de la sienne, finir ses phrases, âme-soeur vampirique qui ferait tout le boulot à sa place. paupières closes l'espace d'une seconde, muscles qui se relâchent, y'a malgré tout ce sourire qui tire ses traits, y'a le coup d'oeil qui suffit, la silhouette resplendissante d'un fantôme qui squatte depuis deux mois à tout casser. souffle alors au même titre que le nuage gris qu'il transforme en ronds.
- j'ai pas l'souvenir d'avoir fait une incantation,
- dommage,
- j'pensais devoir prononcer ton nom devant l'miroir,
- lilias ?
- morna ?
- et si t'es un spectre d'ailleurs,
- alors j'ai peur d'avoir aucune idée de comment chanter tes louanges,
- raconter aux enfants à quel point tu fais peur,
- que tu vas rire à la nuit tombée,
- t'évanouir au petit matin. 
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